Donatien Mary

© Renaud Monfourny

Dessinateur, illustrateur, graveur, Donatien Mary est (brillament) diplômé des Arts Décoratifs de Strasbourg en 2007. 

Jeune papa parisien, il jongle entre son travail d'illustrateur et des projets personnels peuplés de dinosaures, de marins et de comètes. Il publie également, à l'automne 2014, Que la bête fleurisse, aux éditions Cornélius.

Il expérimente le dessin sous différentes formes et s’attache à développer un univers singulier. Ainsi chaque projet connaît sa technique propre, avec une certaine prédilection pour toutes les pratiques de gravure : eaux-fortes, aquatintes, gravures sur bois, linos, ou gommes.

Bibliographie :

Le roi de la lune, éditions 2024
Le roi de la lune et le robot zinzin, éditions 2024
Le premier bal d’Emma, éditions 2024
Les derniers dinosaures, éditions 2024
Que la bête fleurisse, éditions Cornélius

Quelques questions
à Donatien Mary
et Bérengère Courtney,
à l’occasion de la sortie
de leur livre :
Le Roi de la lune et le robot zinzin

Romain Gallissot : Avec le premier opus du Roi de la Lune vous aviez brillamment accompagné les éditions 2024 dans leurs premiers pas dans le monde l’édition jeunesse en inaugurant le label 4048. Vous voilà de retour pour un nouveau séjour sur la Lune. Pouvez-vous nous parler des origines de ce projet ? D’où vous est venue cette envie de faire voyager les enfants sur la Lune ?

Bérengère Cornut et Donatien Mary : L’origine de ce projet, c’était d’inverser les rôles par rapport à ce que nous avions fait pour Schasslamitt et Palabres, recueil de contes et roman-farce publiés chez Attila en 2011 et 2012, pour lesquels Donatien avait réalisé plusieurs illustrations, dans l’esprit des romans illustrés du début du 20e siècle. Là, l’idée était de faire préexister les dessins de Donatien, pour que je mette ensuite des mots dessus. On avait envisagé diverses petites choses dans ce sens, puis nous avons eu des enfants, et l’idée d’un album jeunesse s’est imposée. Dans la mesure où nous avions décidé que les dessins préexistaient, Donatien a été l’artisan de cet univers, de ses personnages… et moi, je n’ai quasiment fait qu’écrire sous la dictée de sa conscience d’enfant capricieux !

Quels sont les univers (graphiques et littéraires) qui ont inspiré cette saga ?

B.C. : Donatien m’a menée sur les traces de Gus Bofa sans doute. Et nous aimons Babar.
D.M. : J’ajouterai à cela un livre que j’aime beaucoup : Patapouf et Filifer, qui reste une source d’inspiration pour ce projet. La collaboration entre un grand écrivain, André Maurois, et un brillant illustrateur, Jean Bruller.

Quelle est la place de vos familles, notamment de vos enfants, dans cette aventure éditoriale ?

B.C. : Oh, c’est assez simple : Anathilde est la fille aînée de Donatien. Et Rose, qu’on retrouve dans le deuxième album, est sa petite sœur. Elles ont pour amis Émile et Philémon qui sont mes deux fils aînés. Et enfin – est-ce une bonne nouvelle ? – ayant eu un troisième fils entretemps, je milite activement pour un troisième numéro du Roi de la Lune – on ne peut pas faire de jaloux !

D.M. : Oui, l’idée était que nos enfants soient les héros de ces histoires, les ayant sous la main ce sont des bases parfaites pour créer des personnages. Ensuite il a fallu trouver leurs bouilles et leurs habits, et là aussi leur goût pour les déguisements m’a bien facilité la chose.

On peut donc s’attendre à revoir Anathilde, Philemon, Rose, Émile et les Lunars dans d’autres aventures ?

BC : Oui… la faute à Isidore.
DM : Il ne nous laisse pas le choix, il va bien falloir s’y remettre... 

Que représente pour vous cette parenthèse « jeunesse » dans votre travail ?

B.C. : Une parenthèse enchantée, car toutes mes autres tentatives jeunesse échouent lamentablement ! On me sollicite, je sollicite aussi… et au final, tout tombe toujours à l’eau, c’est épouvantable et très contrariant. Il n’y a qu’avec Donatien et 2024 que les astres s’alignent.
D.M. : J’étais ravi que 2024 soit partant pour éditer des livres jeunesse. J’aime alterner des projets de bandes dessinées avec des livres illustrés. L’approche du dessin est complètement différente. Là où la bande dessinée est un langage en soi, exigeant et contraignant parfois, l’illustration offre, elle, beaucoup plus de liberté. C’est un jeu entre le texte et l’image.

Bérengère, comment abordez-vous l’écriture de ces récits jeunesse par rapport à votre travail plus « adulte » ?

B.C. : C’est tout mon problème, je pense… Le fait d’écrire spécifiquement pour la jeunesse me crispe totalement. Je trouve révoltant de devoir écrire « à hauteur d’enfants » – presque insultant pour eux, en fait. Et très égoïstement, je n’aime lire aux miens que des choses qui m’enrichissent ou me distraient moi-même. Claude Ponti me fascine et rentre en collision avec mon propre imaginaire ; les personnages velléitaires de Catharina Valckx m’aident à prendre la vie comme elle vient, avec humour et tendresse ; je n’ai toujours pas épuisé la douce mélancolie du Pays des Chintiens d’Anne Brouillard… J’ai tendance à chercher des pays « ininterprétables », lorsque j’écris pour les enfants – afin de les laisser aussi libres que je désire le rester moi-même.

Donatien, vous avez pour habitude, au fil de vos projets, d’explorer différentes techniques, styles et univers. Quelles étaient vos envies pour l’illustration de cette série ?

D.M. : Je travaille au pochoir depuis quelque temps et j’avais envie d’utiliser cette technique pour les belles silhouettes colorées qu’elle peut offrir. J’avais également envie de grands dessins simples, même s’ils se sont un peu complexifiés parfois malgré moi. L’intention était d’être un peu dans l’esprit des années 60-70, avec en toile de fond les Shadock, ou les livres de Saseck ou Munari par exemple.

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